Lorsqu’il n’y a de place que pour la beauté / When there is only room for beauty
- Alcina Ribeiro Hamdi
- 17 avr.
- 2 min de lecture
Je me suis levée nue d’hier.
Libre.
Les draps portent encore l’odeur,
de ce rêve si vaste,
je l’ai tenu,
au bord des lèvres,
au bord du monde.
Je marche dans l’appartement,
comme dans un temple,
dédié au silence,
chaque chose a renoncé,
au bruit pour devenir offrande.
Même le soleil,
timide,
effleure le bois,
avec la douceur d’un premier baiser.
Aujourd’hui,
je refuse la laideur,
pas par orgueil,
mais par besoin.
J’ouvre les fenêtres,
comme on ouvre une gorge assoiffée,
et je bois le vent.
Il n’y a de place que pour la beauté.
Pas la beauté figée,
apprêtée.
Non.
La beauté qui tremble,
celle des cicatrices,
des ombres qui apprennent à danser,
de la lumière qui insiste.
Je m’assieds,
une tasse de thé fumante,
entre les mains,
le lac face à moi,
paisible et sage,
comme un miroir de mercure ancien,
qui n’a plus besoin de refléter.
Juste d’être.
J’écoute mon souffle,
comme s’il avait quelque chose à me dire,
que j’aurais trop longtemps oublié.
Il me parle d’un monde,
où l’on ne conquiert rien,
où l’on accueille,
où l’on dépose.
Je suis,
ce matin,
une femme entière,
inachevée,
peut-être,
mais vraie.
Et cela suffit.
Lorsque tout en moi,
s’aligne avec le silence des choses,
je le sais,
il n’y a de place que pour la beauté.
—
I rose, naked from yesterday.
Free.
The sheets still carry the scent
of that vast dream.
I held it,
on the edge of my lips,
on the edge of the world.
I walk through the apartment,
as if through a temple,
dedicated to silence.
Everything has surrendered,
its noise to become offering.
Even the sun,
shy,
brushes the wood,
with the softness of a first kiss.
Today,
I refuse ugliness,
not out of pride,
but out of need.
I open the windows,
like one opens a thirsty throat,
and I drink the wind.
There is only room for beauty.
Not the frozen kind,
not the well-dressed kind.
No.
The kind that trembles,
the kind made of scars,
of shadows learning to dance,
of light that insists.
I listen to my breath,
as if it had something to tell me,
I had forgotten for too long.
It speaks of a world,
where nothing is conquered,
where everything is welcomed,
everything laid down.
This morning,
I am a whole woman,
unfinished,
perhaps,
but true.
And that is enough.
When all within me,
aligns with the silence of things,
I know it,
there is only room for beauty.
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