Je suis temple / I am temple
- Alcina Ribeiro Hamdi
- 17 avr.
- 2 min de lecture
Ce soir, je me dépouille. Je n’ôte pas mes vêtements, non. Je délace les attaches plus profondes. Celles qui soutiennent mes illusions. Les mensonges doux que je me suis chuchotés pour survivre. Les robes de soie tissées d’orgueil, et les corsets de peur que j’ai appris à trop aimer.
Ce soir, je ne suis qu’un corps qui se souvient d’avoir été rivière. Un épiderme livré au silence. Une nudité d’avant les mots.
La Nouvelle Lune et l’Éclipse redessinent mes contours. Sans lumière. Dans cette obscurité, je me dissous. J’oublie ma géographie pour renaître. Je deviens traversée. Je deviens seuil.
Je suis temple.
Tout ce que je croyais être s’effondre à mes pieds, comme des habits trop lourds pour l’envol. Il n’y a plus de nom. Plus d’histoire à défendre. Seulement le battement primitif du sang qui demande à aimer au-delà de la peau.
Je m’abandonne à cette dissolution,
comme on s’abandonne à une caresse inconnue, sachant que c’est là, dans le sobriété la plus nue, que tout commence.
—
Tonight, I strip myself bare. I do not remove my clothes, no. I loosen the deeper bindings. The ones that hold up my illusions. The sweet lies I whispered to myself to survive. The silk gowns woven of pride, and the corsets of fear I have learned to love too much.
Tonight, I am only a body that remembers being a river. Skin offered to silence. A nakedness from before language.
The New Moon and the Eclipse redraw my contours. Without light. In this darkness, I dissolve. I forget my geography to be reborn. I become passage. I become threshold.
I am temple.
All that I believed myself to be crumbles at my feet, like garments too heavy for flight. There is no name. No story left to defend. Only the primitive pulse of blood longing to love beyond the skin.
I surrender to this dissolution, the way one surrenders to an unfamiliar caress, knowing it is there, in the barest sobriety, that everything begins.
Comments