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Le Japon les appelle micro-saisons. Japan calls them micro-seasons.




Il y a, dans le corps du monde, 72 mouvements subtils. Le Japon les appelle micro-saisons. Moi, je les appelle battements. Vagues. Respirations. Souffles. Surtout souffles, oui. Une suite de souffles qui déplacent la lumière. Infimes. Insistants. Inévitables. Un lien intime entre le vent et le ventre de la Terre. Un fil rouge.


J’aime l’idée que la glace ne fond pas en un jour,

qu’elle cède, qu’elle tremble, qu’elle laisse s’écouler quelques larmes d’abord. J’aime l’idée que l’humanité suit ce rythme-là. Avant les fleurs.


On ne devient pas. On se transforme.


Moi aussi, je suis faite de 72 corps. Un qui écoute, un qui s’éloigne, un qui brûle, un qui revient. Un qui danse. Un qui s’émerveille. Un qui sème. Vous l’entendez, vous aussi ? Semer, s’aimer. Ce geste précieux. Et puis tous les autres. Multiples. Étranges. Beaux. Terrifiants.


Il y a des jours où je suis mousse humide et d’autres où je suis pierre nue. Il y a des matins où mon silence sent la Daphne Odora et des soirs où mes mots suintent comme la sève d’un arbre qui succombe.


Parfois, j’incarne Kali, Bhuvaneshvari, Bhairavi, Kamalatmika. Et toutes les autres. De la plus radieuse à la plus obscure des Déesses. De la plus douce à la plus indomptable. Je les porte, je les traverse, elles me traversent.


Chaque jour, je me défais un peu de celle que j’étais. Je ne suis fidèle qu’à l’élan. Je m’aime, et parfois je trébuche. Je suis multiple. Insaisissable. Déliée. Comme une suite de saisons. Un pas de danse après l’autre.


Je vis en femme-saison. Respirer dans les fissures. Danser avec la métamorphose. Être la première pousse et la dernière chute. Être, chaque jour, autre. Être toujours plus proche de celle que je ne saurai jamais nommer. Et qui est, pour toujours. Au-delà du corps-saison. 


Je vis en femme-saison. Je respire dans les fissures. Je danse avec la métamorphose. Je suis la première pousse et la dernière chute. Je suis, chaque jour, autre. Toujours plus proche de celle que je ne saurai jamais nommer. Et qui est, pour toujours. Au-delà du corps-saison.


On ne devient pas. On se transforme.


On est. 



There are, in the body of the world, 72 subtle movements. Japan calls them micro-seasons. I call them heartbeats. Waves. Breaths. Breaths, especially. Yes. A succession of breaths shifting the light. Tiny. Insistent. Inevitable. An intimate link between the wind and the womb of the Earth. A red thread.


I love the idea that ice does not melt in a single day, that it yields, that it trembles, that it lets a few tears flow first. I love the thought that humanity follows that same rhythm. Before the flowers.


We don’t become. We transform.


I too am made of 72 bodies. One that listens, one that withdraws, one that burns, one that returns. One that dances. One that marvels. One that sows. Do you hear it too? To sow. (semer in French) To love (s’aimer). That precious gesture. And then all the others. Multiple. Strange. Beautiful. Terrifying.


Some days, I am damp moss. Other days, I am bare stone. Some mornings, my silence smells like Daphne Odora. And some evenings, my words ooze like the sap of a tree that surrenders.


Sometimes I embody Kali, Bhuvaneshvari, Bhairavi, Kamalatmika. And all the others. From the most radiant to the most shadowed of Goddesses. From the softest to the most untamed. I carry them. I move through them. They move through me.


Each day, I shed a little of who I was. I am faithful only to the impulse. I love myself, and sometimes I stumble. I am multiple. Elusive. Unbound. Like a succession of seasons. One step of the dance after another.


I live as a woman-season. I breathe in the fissures. I dance with metamorphosis. I am the first sprout and the final fall. I am, each day, other. Ever closer to the one I will never be able to name. And who simply is. Always. Beyond the body-season.


We don’t become. We transform.


We are.

 
 
 

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